Dans les bureaux feutrés de Downing Street, l’atmosphère est devenue électrique. Chaque heure qui passe voit grossir le nombre de signatures d’une pétition dévastatrice : près de 750’000 Britanniques exigent désormais la convocation immédiate d’élections générales, un raz-de-marée citoyen qui place Keir Starmer dans la position la plus précaire de sa carrière politique.
“C’est un tsunami”, confie un proche collaborateur du Premier ministre, requis d’anonymat. “Nous n’avions jamais vu une telle hostilité, même pendant les pires moments de Boris Johnson.”
Arrivé au pouvoir il y a seulement 13 mois avec la promesse de “reconstruire” le Royaume-Uni, Starmer fait aujourd’hui face à un désaveu populaire d’une ampleur historique. Son taux d’approbation personnelle a chuté à 13%, un effondrement qui dépasse même les pires scores de ses prédécesseurs conservateurs.
L’économie en panne, les promesses trahies
Les chiffres économiques donnent le vertige aux conseillers de Downing Street. Croissance nulle, emploi stagnant, inflation persistante : l’économie britannique semble figée dans une torpeur dont elle ne parvient pas à sortir. La cinquième baisse des taux d’intérêt en un an, décidée le 7 août par la Banque d’Angleterre, témoigne moins d’une stratégie que d’un sauvetage d’urgence.
“Nous pensions que le changement de gouvernement suffirait à relancer la confiance”, explique un économiste proche du Labour. “Nous nous sommes trompés. Les problèmes structurels sont plus profonds que nous l’imaginions.”
Cette stagnation économique contraste cruellement avec les promesses de campagne de Starmer, qui avait fait miroiter une “renaissance britannique” fondée sur la croissance verte et l’innovation technologique. Aujourd’hui, les entreprises reportent leurs investissements et les ménages serrent la ceinture.
L’immigration, bombe à retardement politique
Mais c’est sur l’immigration que le bât blesse le plus douloureusement. En 401 jours de mandat, près de 50 000 migrants ont traversé la Manche en petites embarcations – un record qui pulvérise les performances de ses prédécesseurs. Boris Johnson avait mis 1 066 jours pour atteindre ce chiffre, Rishi Sunak 603 jours.
“C’est notre plus gros échec”, avoue un ministre travailliste sous couvert d’anonymat. “Keir avait promis de ‘briser les gangs’, mais nous n’avons fait qu’assister à leur multiplication.”

Le 12 août dernier, 220 migrants ont débarqué à Douvres dans la seule matinée, tandis que trois autres embarcations approchaient des côtes anglaises. Ces images, relayées en boucle par les médias, alimentent une colère populaire que Reform UK exploite habilement.
“Starmer a normalisé l’immigration de masse”, accuse Nigel Farage lors d’un meeting bondé dans le Kent. “Il a transformé la Manche en autoroute pour clandestins.”
L’ascension fulgurante de Nigel Farage
Cette frustration populaire profite directement à Reform UK, le parti de Nigel Farage qui explose dans les sondages. Certaines projections MRP le placent désormais en position de remporter 64 sièges, suffisant pour former potentiellement un gouvernement minoritaire – un scénario impensable il y a encore un an.
“Farage incarne le changement que Starmer a promis mais n’a pas livré”, analyse Sir John Curtice, spécialiste des sondages. “Il capitalise sur une frustration authentique qui dépasse les clivages partisans traditionnels.”
L’ancien leader du Brexit, longtemps marginalisé par l’establishment politique, se retrouve aujourd’hui plus populaire que le Premier ministre en exercice. Son message simple – contrôler l’immigration, relancer l’économie, défendre les libertés – résonne dans une Grande-Bretagne en quête de sens.
Les dernières cartouches d’un gouvernement aux abois
Conscient du danger, le gouvernement Starmer multiplie les manœuvres désespérées. La dernière en date : l’abaissement proposé de l’âge de vote à 16 ans, une mesure que l’opposition dénonce comme un calcul électoral cynique.
“Ils essaient de changer les règles du jeu parce qu’ils savent qu’ils vont le perdre”, ironise un député conservateur. “C’est l’aveu de leur échec.”
Dans les couloirs de Westminster, l’ambiance est morose. Plusieurs députés travaillistes évoquent déjà, en privé, la possibilité d’un changement de leadership. “Keir nous mène droit dans le mur”, confie l’un d’eux. “Si ça continue, nous allons subir une déroute historique.”
Une révolution politique en gestation
Les signes d’un bouleversement politique majeur se multiplient. Pour la première fois depuis des décennies, ni le Parti travailliste ni le Parti conservateur ne semblent en mesure de rassembler une majorité claire. Reform UK, longtemps considéré comme un parti protestataire, pourrait bien devenir la première force politique du pays.
“Nous assistons peut-être à la fin du bipartisme britannique”, observe Dame Rosemary Butler, ancienne présidente de l’Assemblée galloise. “Le système politique traditionnel ne répond plus aux attentes des citoyens.”
Cette transformation s’accélère sous l’effet de crises multiples : économique, migratoire, sécuritaire. Les Britanniques, déçus par les promesses non tenues des partis traditionnels, se tournent vers des alternatives radicales.
L’heure de vérité approche
Starmer dispose encore de quelques mois pour redresser la barre, mais le temps joue contre lui. Chaque nouveau naufrage de migrants, chaque statistique économique décevante, chaque révélation sur les échecs gouvernementaux alimente un peu plus la colère populaire.
“Il lui faut un miracle”, résume brutalement un ancien conseiller de Tony Blair. “Et les miracles sont rares en politique.”
La pétition continue de grossir, heure après heure, alimentée par une frustration qui dépasse largement les clivages politiques traditionnels. Elle pourrait bien marquer le début de la fin pour un Premier ministre qui rêvait de transformer la Grande-Bretagne et risque finalement de précipiter sa propre chute.
Dans cette Grande-Bretagne en mutation, une certitude émerge : rien ne sera plus jamais comme avant. L’establishment politique traditionnel vacille, et de cette crise pourrait naître un nouveau paysage politique dont Nigel Farage, longtemps outsider, pourrait bien être le grand bénéficiaire.