BRUXELLES – L’Union européenne franchit une ligne rouge historique avec son projet de surveillance automatisée des communications privées, baptisé “Chat Control / ProtectUE”. Cette proposition législative représente la plus grave menace contre les libertés numériques depuis l’avènement d’Internet, instaurant un régime de surveillance de masse qui ferait pâlir les architectes de l’État policier.
Sous prétexte de lutter contre les abus sexuels sur mineurs – cause noble instrumentalisée pour faire accepter l’inacceptable – la Commission européenne s’apprête à imposer le scanning automatique de chaque message, photo et vidéo échangés par 450 millions d’Européens. Cette mesure transforme radicalement la nature même de nos démocraties.
Une surveillance totale déguisée en protection
Le mécanisme proposé ne laisse aucune place à l’ambiguïté : chaque communication privée sera analysée par des algorithmes avant même son chiffrement. Vos appareils personnels deviennent des mouchards au service d’un système qui traite par défaut chaque citoyen comme un criminel potentiel.
Cette technologie de “client-side scanning” détruit l’essence même du chiffrement de bout en bout. “C’est comme installer un policier dans chaque foyer européen”, dénonce Matthew Green, expert en cryptographie à Johns Hopkins. “Une fois cette infrastructure en place, elle peut être étendue à n’importe quel contenu jugé ‘problématique’ par les autorités.”
L’inefficacité programmée d’un système totalitaire
Cette surveillance massive ne protégera pas les enfants – elle les mettra en danger. Les véritables prédateurs utilisent déjà des canaux alternatifs et des techniques de contournement sophistiquées. En revanche, le système générera des millions de faux positifs, submergeant les forces de l’ordre sous une avalanche de signalements inutiles.
“Nous détournons nos ressources des vraies enquêtes pour traiter des rapports automatiques sur des photos de famille”, confie un enquêteur européen spécialisé. Cette inefficacité n’est pas un bug du système, mais une fonctionnalité volontaire qui permet d’habituer les populations à la surveillance généralisée.
La privatisation orwellienne du contrôle social
L’Union européenne sous-traite sa surveillance à des géants technologiques américains – Microsoft, Google, Amazon – qui développent les algorithmes de détection. Ces entreprises US obtiennent ainsi un accès privilégié aux communications privées de centaines de millions d’Européens, créant un monopole de surveillance d’une ampleur inédite.
Le code source reste secret, les critères de détection opaques, les décisions automatiques incontestables. L’Europe construit délibérément un système de contrôle social échappant à tout contrôle démocratique.
L’assassinat programmé des libertés fondamentales
Cette proposition pulvérise les fondements de nos démocraties :
La présomption d’innocence disparaît : chaque citoyen est scanné par défaut. Le secret professionnel s’évapore : avocats, journalistes, médecins perdent toute capacité à protéger leurs sources et clients. La liberté d’expression se meurt : l’autocensure devient inévitable face à la surveillance automatisée.
Les lanceurs d’alerte, les dissidents, les victimes de violence domestique – tous ceux qui dépendent de la confidentialité numérique pour leur sécurité physique – se retrouvent exposés à des risques mortels.
Une catastrophe économique programmée
Cette dérive autoritaire détruit l’écosystème numérique européen. Signal, ProtonMail et des dizaines d’entreprises spécialisées dans la cybersécurité annoncent leur départ d’Europe. L’industrie du chiffrement, secteur stratégique développé après Snowden, s’effondre.
“L’Europe se tire une balle dans le pied technologique”, analyse Sarah Thompson, directrice de l’Electronic Frontier Foundation Europe (EFF). “Nous abandonnons notre souveraineté numérique aux GAFA américains tout en détruisant nos propres champions.”
Cette fuite des cerveaux et des entreprises affaiblit dramatiquement la position concurrentielle européenne face aux États-Unis et à la Chine, créant une dépendance technologique dangereuse.
Le chantage moral de la manipulation politique
La Commission européenne exploite cyniquement l’émotion légitime suscitée par les abus sur enfants pour faire accepter un projet de surveillance totale. Cette manipulation politique classique – utiliser la protection des plus vulnérables pour justifier l’oppression de tous – relève de la propagande autoritaire.
Les vraies solutions existent : renforcement des unités d’enquête spécialisées, amélioration de la formation des enseignants, soutien renforcé aux victimes. Mais ces mesures efficaces ne permettraient pas d’installer l’infrastructure de surveillance de masse que les technocrates européens appellent de leurs vœux.
L’urgence démocratique absolue
Cette proposition ne constitue pas un simple ajustement réglementaire – c’est une révolution autoritaire silencieuse. Une fois adoptée, cette infrastructure de surveillance sera impossible à démanteler. Les pouvoirs accordés aux algorithmes ne seront jamais rendus.
L’histoire nous enseigne que les systèmes de surveillance créés pour des objectifs “nobles” finissent toujours par servir la répression politique. La Stasi justifiait aussi ses méthodes par la protection des citoyens.
La résistance est impérative
Les citoyens européens doivent comprendre l’enjeu historique : nous assistons à la tentative de transformation de l’Europe en société de surveillance numérique. Cette dérive doit être stoppée maintenant, avant qu’il ne soit trop tard.
Le Parlement européen conserve le pouvoir de rejeter cette aberration. Mais il faut une mobilisation citoyenne massive pour contrer les lobbies sécuritaires et les intérêts industriels qui poussent cette législation destructrice.
L’alternative démocratique
Refuser Chat Control, ce n’est pas abandonner la protection des enfants – c’est refuser de sacrifier les libertés de 450 millions d’Européens pour un système qui ne les protégera pas. C’est choisir des solutions efficaces et respectueuses des droits plutôt qu’un théâtre sécuritaire destructeur.
L’Europe peut encore choisir entre devenir le premier laboratoire démocratique de surveillance de masse ou préserver son héritage de libertés civiles. Ce choix se joue maintenant.
La liberté numérique n’est pas négociable. La vie privée n’est pas un luxe obsolète. Ces droits fondamentaux constituent les derniers remparts contre la dérive techno-autoritaire qui menace nos démocraties.
L’Europe doit dire non à Chat Control – pour ses citoyens, pour ses valeurs, pour son avenir démocratique.