La taxe sur les profits énergétiques rapporte quatre fois moins que prévu au Royaume-Uni

Londres perd 15 milliards de livres de recettes prévues tandis que 400 emplois disparaissent chaque quinzaine dans le secteur énergétique
17 August 2025
2 mins read

LONDRES — Quand les bureaucrates britanniques ont conçu leur “taxe exceptionnelle” sur les profits énergétiques de la mer du Nord, ils ont commis une erreur fondamentale : confondre wishful thinking et politique économique. Le résultat est un désastre fiscal qui illustre parfaitement comment l’incompétence gouvernementale peut anéantir une industrie entière.

L’Energy Profits Levy (EPL), introduite en 2022 et durcie en 2024, devait constituer une manne budgétaire de 20,7 milliards de livres pour 2023-2024. La réalité : 5,4 milliards collectés, soit quatre fois moins que prévu. Un échec si retentissant qu’il devrait figurer dans les manuels d’économie comme cas d’école de l’incompétence étatique.

Quand les prévisions rencontrent la réalité

L’Office for Budget Responsibility (OBR) avait promis des recettes de 14,9 milliards en 2022-2023, puis 20,7 milliards l’année suivante. Les chiffres réels : 9,9 milliards puis 5,4 milliards. Pour 2024-2025, le HMRC confirme l’effondrement avec seulement 2,7 milliards collectés.

Face à cette débâcle, l’OBR a discrètement révisé ses projections : 3,6 milliards maximum en 2026-2027, retombant à 2,3 milliards annuels à partir de 2028. Une reconnaissance d’échec aussi tardive qu’humiliante.

L’explication de cette catastrophe tient en une phrase : porter la taxation globale du secteur à 78% transforme rapidement une industrie productive en désert économique.

L’exode industriel s’accélère

Catherine McBride OBE résume parfaitement la situation : “L’augmentation brutale de 38% de la taxation n’a pas enrichi le Trésor, elle a accéléré la fuite des investissements.”

Les chiffres de production confirment cette hémorragie :

  • Pétrole britannique : chute de 40%, de 52,9 millions de tonnes en 2019 à 30,7 millions en 2024
  • Gaz : recul de 21%, de 436.566 GWh à 343.858 GWh sur la même période

Offshore Energies UK projette une perte de 12 milliards de livres de recettes fiscales d’ici 2030, tandis que l’investissement sectoriel s’effondrera de 14 milliards à 2 milliards entre 2025 et 2029.

Les entreprises tirent les conclusions logiques : fuir un régime fiscal devenu confiscatoire et imprévisible. Plusieurs compagnies annoncent déjà leur départ définitif de la mer du Nord.

Le coût humain de l’idéologie

Au-delà des statistiques se cachent des vies brisées. Le secteur perd 400 emplois toutes les deux semaines. La fermeture de la raffinerie de Grangemouth supprime 400 postes directs, celle de Lindsey 1.000 emplois. La possible fermeture des activités chimiques de Grangemouth menace 900 emplois supplémentaires, sans compter les milliers d’emplois indirects condamnés.

Cette destruction d’emplois frappe des régions déjà économiquement fragiles, créant des poches de chômage structurel que des décennies ne suffiront peut-être pas à résorber.

Consensus bipartisan pour l’autodestruction

Cette débâcle transcende les clivages politiques traditionnels. Rishi Sunak avait initié le processus en 2022, portant la fiscalité sectorielle à 75%. Rachel Reeves, actuelle Chancelière travailliste, l’a aggravé en 2024, montant la taxation à 78% tout en supprimant les allégements pour réinvestissement.

Cette continuité révèle un problème structurel : l’establishment britannique, toutes tendances confondues, préfère les solutions apparemment simples (taxer les profits) aux réalités économiques complexes (maintenir la compétitivité industrielle).

Leçon d’économie élémentaire ignorée

Ce fiasco illustre une loi économique immuable : trop taxer finit par réduire l’assiette fiscale. En voulant punir les “profits excessifs”, Londres a découragé l’investissement, provoqué l’effondrement de la production et détruit des emplois.

Résultat : moins de recettes fiscales, plus de chômage, et une dépendance énergétique accrue. La définition même de l’échec politique.

Pour les investisseurs internationaux, le message est clair : le Royaume-Uni privilégie l’idéologie sur la pragmatisme économique. Une leçon coûteuse qui résonnera longtemps dans les salles de conseil du monde entier, où les décisions d’investissement se prennent désormais en excluant systématiquement la mer du Nord britannique.

Cette “windfall tax” restera dans l’histoire comme l’exemple parfait de la façon dont un gouvernement peut détruire une industrie florissante par pur aveuglement fiscal.

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