Comment la BCE a fabriqué la crise de la dette française… et prépare la prochaine

1 September 2025
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La France est à nouveau au bord du gouffre. Avec une dette publique dépassant 114 % du PIB, des engagements de retraites non financés équivalant à 400 % du PIB, et un déficit budgétaire prévu autour de 5,8 %, le pays s’enfonce dans une spirale inquiétante. Les marchés ne s’y trompent pas : le coût d’assurance contre un défaut (CDS à 5 ans) a bondi de 20 % en un an, et les taux français dépassent désormais ceux de l’Espagne, de l’Italie et même de la Grèce.

La mécanique infernale de la BCE

Comment en est-on arrivé là ? Une partie de la réponse se trouve à Francfort. Depuis plus d’une décennie, la Banque centrale européenne (BCE) a multiplié les outils de soutien « exceptionnels » :

  • taux d’intérêt proches de zéro, voire négatifs,
  • rachats massifs de dettes publiques (PEPP, OMT…),
  • outil dit « anti-fragmentation », qui permet de lisser artificiellement les écarts de taux entre États.

En théorie, ces dispositifs devaient stabiliser la zone euro. En réalité, ils ont envoyé aux gouvernements un message désastreux : dépensez sans limite, la BCE couvrira vos déficits. Loin d’imposer la discipline, la politique monétaire a neutralisé l’alerte naturelle des marchés.

La France, cas d’école du laxisme

Protégé par le parapluie de la BCE, l’État français n’a jamais entrepris de véritable réforme structurelle. Chaque tentative de rigueur a été timide, vite abandonnée. Résultat : une économie étouffée par les impôts, une productivité stagnante et des déficits permanents.

Aujourd’hui, ironie tragique : malgré l’arsenal d’aides européennes (plan Next Generation EU) et des taux toujours faibles en termes réels, les investisseurs fuient la dette française. Le « spread » avec l’Allemagne atteint 80 points de base, au-dessus de l’Espagne. Jamais, dans l’histoire de l’euro, la France n’avait inspiré si peu confiance.

La BCE, pompier pyromane

À force de vouloir sauver tout le monde à tout prix, la BCE est devenue pompier pyromane. Ses interventions massives ont créé une dépendance chronique : chaque État surendetté attend désormais sa perfusion de liquidités, au lieu de réformer. C’est une socialisation des risques sans contrôle démocratique : les pays vertueux payent pour les laxistes, et la monnaie commune s’affaiblit.

Les pertes latentes de la BCE sur ses rachats d’actifs dépassent 800 milliards d’euros, bien au-delà de son capital. Autrement dit : elle est assise sur un gouffre comptable.

Une monnaie en danger

La crise française n’est pas un accident isolé : c’est le symptôme d’un modèle européen vicié, où la facilité monétaire a remplacé la discipline budgétaire. Comme hier en Grèce, les illusions keynésiennes se fracassent sur la réalité.

Or une vérité demeure : les banques centrales ne peuvent pas imprimer de la solvabilité. Tant que la France et d’autres pays continueront de vivre à crédit derrière le paravent de la BCE, l’euro tout entier sera menacé.

La crise française n’est pas la fin de l’histoire : ce n’est que le début de la prochaine tempête européenne.

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