À l’approche des élections municipales du 14 septembre en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, un accord inédit fait polémique à Cologne. Tous les grands partis — CDU, SPD, Verts, FDP, Die Linke, Volt et Die Partei — se sont engagés à ne parler que positivement de l’immigration dans leur campagne. Seule l’AfD a été exclue du dispositif et refuse de s’y soumettre.
Le texte, baptisé « accord de loyauté » (Fairness Agreement), a été proposé par l’association Table ronde pour l’intégration. Il interdit explicitement de faire le lien entre immigration et problèmes sociaux comme le chômage, la criminalité ou l’insécurité. Les signataires s’engagent aussi à combattre le racisme et l’antisémitisme.
La surveillance du respect de l’accord est confiée à des représentants de l’Église catholique et protestante. Les habitants sont même invités à signaler toute entorse commise par un militant ou un candidat.
L’AfD a dénoncé une tentative de museler le débat public. « En campagne électorale, il doit être possible d’aborder tous les sujets, y compris l’immigration », a déclaré Christer Cremer, porte-parole local du parti, à RTL. Sur X, la section de Cologne a écrit : « Nous ne laisserons pas la gauche nous interdire de dire ce que nous disons. Nous abordons les problèmes et proposons des solutions. »
La décision divise aussi le monde académique. Le politologue Werner Patzelt juge la manœuvre « tactiquement stupide » : en évitant le sujet, les partis traditionnels offriraient « un but vide à l’AfD » et affaibliraient la démocratie en écartant un débat pourtant central.
La polémique s’est encore intensifiée lorsque la CDU a distribué un tract contre la construction d’un centre d’accueil de 500 réfugiés dans le quartier d’Agnesviertel. Les médiateurs ecclésiastiques ont estimé que le document n’était pas discriminatoire, mais qu’il « induisait en erreur ». Pour le Conseil des réfugiés de Cologne, il s’agit au contraire d’une « violation flagrante » du pacte. La cheffe locale de la CDU, Serap Güler, a rejeté ces accusations, expliquant que son parti ne cherchait pas à attiser l’hostilité envers les réfugiés mais considérait ce projet « trop important » pour le quartier concerné.
Un sondage d’opinions publié par Focus Online montre que les internautes allemands restent très critiques face à cette stratégie d’évitement : la majorité regrette que les problèmes liés à l’immigration ne puissent être débattus librement, certains soulignent les inquiétudes sécuritaires, et d’autres dénoncent une atteinte à la liberté d’expression.
À deux semaines du scrutin, cette controverse illustre le malaise des partis traditionnels allemands : entre volonté de montrer un front uni contre l’extrême droite et crainte de perdre tout crédit en évitant les questions qui préoccupent leurs électeurs.