L’IA fait exploser vos factures d’électricité pour tous !

Derrière le discours héroïque sur l’intelligence artificielle, une réalité beaucoup plus triviale s’impose : des milliards engloutis dans des centres de données, une consommation électrique qui explose, et des foyers américains qui paient déjà la facture, sous forme de hausses et de coupures à venir.
7 September 2025
2 mins read

L’intelligence artificielle n’est plus présentée comme une innovation ou un projet de recherche. Elle est désormais comparée à un Manhattan Project moderne : une course pour la survie, la puissance et l’hégémonie mondiale. Le problème, c’est que si les dirigeants parlent d’avenir et de géopolitique, les citoyens, eux, découvrent déjà la réalité sur leurs factures d’électricité.

Un rapport du Département de l’Énergie aux USA publié en juillet est sans appel : si la croissance des centres de données se poursuit au rythme actuel, le risque de pannes sera multiplié par cent d’ici 2030. En clair : le statu quo est insoutenable. Or, les centres de données de Google, Meta, Amazon ou Microsoft consomment déjà 176 térawattheures par an, soit 4 % de l’électricité américaine, plus que certains États entiers. Les projections évoquent 50 gigawatts supplémentaires d’ici 2030, l’équivalent de la consommation résidentielle de tout un État comme la Californie.

Pendant que le Congrès recevait fin août une note “Data Centers 101” pour comprendre ce qu’est un centre de données, la Maison Blanche multipliait les décrets : déclaration d’urgence énergétique en janvier, planification accélérée des infrastructures en juillet, et adoption d’un “AI Action Plan” qui présente l’IA comme la prochaine grande bataille géopolitique. Entre pédagogie de base et rhétorique guerrière, le contraste est saisissant.

Mais pour les citoyens, la question est beaucoup plus concrète : combien cela va-t-il coûter ? Déjà, à Columbus (Ohio), les foyers constatent 20 dollars de hausse par mois, directement imputés aux centres de données. En Pennsylvanie et au New Jersey, ce sont 10 à 27 dollars supplémentaires sur la facture. Dans l’Oregon, les autorités ont dû prévenir que les data centers faisaient grimper les prix. Dans le Mid-Atlantic, les régulateurs anticipent une augmentation de 20 % des factures résidentielles dès 2025.

Cette réalité est d’autant plus déroutante que l’IA reste, pour le grand public, une abstraction. On interroge un chatbot, on obtient une réponse, sans jamais voir les machines derrière. Mais chaque requête ChatGPT consomme dix fois plus qu’une recherche Google classique. Entraîner un grand modèle d’IA équivaut à la consommation annuelle de centaines de foyers américains. Ces serveurs, refroidis jour et nuit, exigent une électricité colossale et des quantités d’eau gigantesques.

Le paradoxe est que cette révolution n’est pas pilotée par les États, mais par des entreprises privées qui investissent à elles seules 350 milliards de dollars en 2025 pour construire des data centers. Presque deux fois le coût du programme Apollo, mais sans contrôle démocratique ni transparence réelle. Après le lancement de ChatGPT en 2022, la plupart des entreprises ont cessé de publier leurs chiffres précis de consommation énergétique, rendant la facture encore plus opaque.

Les experts eux-mêmes sont divisés. Pour Geoffrey Hinton, le “parrain de l’IA”, il s’agit d’un danger existentiel pour l’humanité. Pour d’autres, c’est la promesse de guérir les maladies et de sauver le climat. Ce fossé intellectuel n’empêche pas la réalité économique : les factures augmentent, le risque de black-out croît, et le rythme de construction dépasse de loin la capacité des institutions à comprendre et réguler.

Le parallèle avec le Manhattan Project (la bombe atomique) a ses limites. À l’époque, il s’agissait d’une seule arme, contrôlée par les États. L’IA, elle, infiltre déjà chaque secteur : travail, commerce, éducation, information. Mais comme le projet nucléaire, elle impose une logique sacrificielle : les ménages, non consultés, paient déjà la facture et se préparent à vivre avec rationnements, hausses et coupures.

La conclusion est simple : l’IA n’est ni immatérielle, ni gratuite, ni sans conséquences. C’est une infrastructure lourde, gourmande en énergie et en ressources, qui transforme la société en temps réel. Comme hier pour l’uranium, c’est le courant électrique des familles qui alimente cette nouvelle course mondiale.

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