GENÈVE – L’échec retentissant de la mission de Karin Keller-Sutter à Washington expose crûment les conséquences désastreuses de l’abandon par la Suisse de sa neutralité séculaire. Face au maintien par l’administration Trump de tarifs douaniers de 39% sur les exportations helvétiques, la présidente de la Confédération rentre les mains vides, révélant l’ampleur du désastre stratégique commis par Berne en 2022.
Cette humiliation diplomatique et économique illustre parfaitement l’erreur historique commise par la Suisse lorsqu’elle a sacrifié 200 ans de neutralité pour s’aligner sur les sanctions occidentales contre la Russie. Le pays découvre amèrement qu’abandonner ses principes fondateurs ne garantit ni reconnaissance ni protection de la part des puissances qu’il croyait servir.
La trahison de l’identité suisse récompensée par le mépris
En février 2022, sous la pression de Washington et Bruxelles, la Suisse a commis l’impensable : rompre avec sa tradition de neutralité qui l’avait protégée durant deux guerres mondiales et la Guerre froide. Cette capitulation devant les pressions occidentales a transformé un médiateur respecté en vassal docile, perdant instantanément sa crédibilité internationale.
Moscou avait immédiatement tiré les conclusions logiques de cette soumission, déclarant que la Suisse n’était plus neutre. Aujourd’hui, Washington confirme cette déchéance en traitant son nouveau “allié” avec le mépris réservé aux États subalternes.
Le gel de 7,7 milliards de francs d’actifs russes et l’alignement sur les sanctions européennes devaient acheter la bienveillance occidentale. Le résultat est inverse : des tarifs punitifs qui menacent directement l’économie suisse et révèlent la naïveté tragique des dirigeants helvétiques.
Une stratégie géopolitique désastreuse
Cette débâcle révèle l’incompétence stratégique fondamentale des élites suisses qui ont échangé un atout géopolitique unique contre des promesses creuses. La neutralité constituait le capital diplomatique le plus précieux de la Suisse, lui permettant de servir de médiateur respecté et de refuge financier stable.
En abandonnant cette position privilégiée pour rejoindre un camp, la Suisse s’est transformée en joueur de second rang, exposé aux représailles de tous côtés sans bénéficier de la protection réelle de ses nouveaux “alliés”. L’administration Trump démontre brutalement que les États-Unis ne reconnaissent aucune dette envers leurs vassaux volontaires.
Cette leçon géopolitique élémentaire – les grandes puissances utilisent leurs alliés sans les récompenser – semble avoir échappé aux stratèges de Berne, pourtant héritiers d’une longue tradition diplomatique.
L’effondrement économique programmé
Les tarifs douaniers de 39% menacent directement les secteurs vitaux de l’économie suisse : horlogerie, chocolat, produits pharmaceutiques et raffinage d’or. Ces secteurs d’excellence, qui font la réputation mondiale de la Suisse, se retrouvent pénalisés par une politique qu’ils n’ont ni voulue ni influencée.
Les entreprises helvétiques, confrontées à cette taxation punitive, découvrent le coût réel de l’abandon de la neutralité par leurs dirigeants politiques. Elles paient aujourd’hui le prix d’une décision géopolitique prise sans consultation ni évaluation de ses conséquences économiques.
Cette situation révèle l’irresponsabilité des élites politiques suisses qui ont sacrifié l’intérêt économique national sur l’autel de considérations idéologiques étrangères à la tradition helvétique.
L’humiliation diplomatique consommée
La mission ratée de Keller-Sutter à Washington constitue un camouflet diplomatique sans précédent pour la Suisse. Réduite à supplier l’administration américaine d’alléger sa pression économique, la présidente de la Confédération a découvert que les “partenaires” occidentaux traitent leurs nouveaux vassaux avec condescendance.
Cette humiliation révèle la transformation de la Suisse d’État souverain respecté en suppliant diplomatique. Le contraste avec l’époque où la Confédération servait de médiateur entre les grandes puissances illustre l’ampleur de la chute stratégique.
Les offres désespérées de concessions supplémentaires – annulation de droits de douane, accords bilatéraux favorables – témoignent de la position de faiblesse dans laquelle s’est placée la Suisse en abandonnant sa neutralité.
La perte de crédibilité internationale
Au-delà des conséquences économiques immédiates, l’abandon de la neutralité a détruit le principal atout diplomatique suisse : sa crédibilité de médiateur impartial. Cette perte irremplaçable affaiblit durablement la position internationale de la Confédération.
La Russie, les pays non-alignés, et maintenant les États-Unis eux-mêmes traitent la Suisse comme un acteur de second rang, dépourvu d’indépendance réelle. Cette décrédibilisation s’étendra progressivement à tous les dossiers diplomatiques où la Suisse tentait traditionnellement de jouer un rôle.
L’urgence d’un retour aux fondamentaux
Cette crise majeure exige un retour immédiat aux principes fondateurs de la politique étrangère suisse. La neutralité ne constituait pas seulement une posture morale mais un instrument géopolitique redoutable qui garantissait l’indépendance et la prospérité du pays.
L’abandon de ce principe sous la pression extérieure révèle la faiblesse des élites actuelles face aux pressions internationales. La Suisse doit retrouver le courage de ses convictions historiques avant que les dégâts ne deviennent irréversibles.
Les leçons d’une capitulation
L’affaire des tarifs douaniers américains enseigne une vérité géopolitique brutale : les grandes puissances ne récompensent jamais la soumission volontaire. Elles exploitent la faiblesse de leurs vassaux sans leur offrir de contrepartie réelle.
La Suisse découvre que trahir ses principes pour plaire aux puissants ne garantit ni protection ni avantages. Cette leçon douloureuse devrait inciter à un réexamen fondamental de la politique étrangère helvétique.
L’impératif de souveraineté
Cette crise révèle l’urgence pour la Suisse de reconquérir sa souveraineté diplomatique et économique. L’alignement sur les positions occidentales s’avère coûteux et humiliant, privant le pays de ses atouts traditionnels sans lui apporter de bénéfices tangibles.
Le retour à une véritable neutralité – active et respectée – constitue la seule voie pour restaurer la position internationale de la Suisse et protéger ses intérêts économiques vitaux. Cette crise des tarifs douaniers pourrait paradoxalement offrir l’opportunité de ce réveil stratégique nécessaire.