Energie : la Nouvelle-Zélande paye le prix d’un pari idéologique

Les modes passent, les idéologies aussi. Mais les dégâts causés aux industries, à l’énergie et aux emplois ne se réparent pas d’un simple claquement de doigts. La volte-face de la Nouvelle-Zélande sur le gaz et le pétrole en est la démonstration éclatante.
8 September 2025
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En 2018, sous l’impulsion de Jacinda Ardern, la Nouvelle-Zélande s’était lancée dans une expérience radicale : interdire toute nouvelle exploration pétrolière et gazière offshore. L’objectif affiché était séduisant : incarner l’avant-garde d’un monde « propre, vert et durable », libéré des hydrocarbures. La réalité, elle, fut beaucoup plus brutale : des prix de l’électricité en hausse de plus de 10 %, des importations de charbon plus polluant et désormais la menace noire de coupures dès 2026, faute de gaz domestique suffisant.

Les critiques de l’époque parlaient de “virtue-signalling” à grande échelle. Les faits leur donnent raison. Le gestionnaire du réseau électrique, Transpower, a confirmé en mai que les gisements de gaz déclinaient bien plus vite que prévu et que le pays courait droit vers des pénuries. Faute de sources alternatives suffisamment déployées, la politique d’Ardern a fragilisé un système énergétique entier.

Le gouvernement conservateur de Christopher Luxon vient d’abroger cette interdiction. Shane Jones, aujourd’hui ministre des ressources, parle d’une décision “ill-fated” – vouée à l’échec – qui a « détruit les investissements » et « exacerbé les pénuries ». Pourtant, il est probable que les majors pétrolières hésitent à revenir dans un pays où les règles peuvent être balayées à chaque alternance électorale. La confiance perdue ne se regagne pas en une loi.

C’est là la leçon la plus grave : si l’on détruit un secteur stratégique comme l’énergie au nom d’un slogan, on ne peut pas “faire marche arrière” aussi facilement. Les ingénieurs, les investisseurs, les savoir-faire et les infrastructures disparaissent. Les pénuries, elles, restent. L’idéologie a peut-être une date d’expiration, mais ses dégâts, eux, sont bien réels et souvent irréversibles.

L’exemple néo-zélandais devrait alerter les pays européens, à commencer par le Royaume-Uni, où Keir Starmer a choisi de bloquer la mer du Nord au nom de la transition verte. Contrairement à la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni dispose encore du nucléaire et d’un réseau interconnecté avec l’Europe. Mais il suffirait d’une mauvaise séquence politique pour reproduire le même scénario : hausse des coûts, dépendance accrue aux importations, affaiblissement stratégique.

Les sociétés peuvent se permettre de changer de mode vestimentaire, ou de slogan politique. Mais lorsqu’il s’agit d’énergie et d’industries vitales, une erreur idéologique se paie pendant des décennies. La Nouvelle-Zélande vient de l’apprendre à ses dépens. L’Europe ferait bien d’en tirer la leçon avant de commettre les mêmes erreurs.

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