Ils détruisent, ils encaissent : le scandale des patrons intouchables

PDG multimillionnaires, parachutes dorés, bonus indus : malgré les scandales, ces dirigeants s’enrichissent tandis que l’entreprise – et parfois la société – s’effondre. Bienvenue dans le royaume intouchable des élites corporatives.
6 September 2025
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Les PDG sont devenus des demi-dieux modernes : intouchables, rémunérés à outrance, et détenteurs d’un pouvoir qui échappe à toute forme de redevabilité.

Alan Joyce, ancien PDG de Qantas, qui a engendré une série de crises (vols fictifs, licenciements massifs, cyberattaque), a tout de même empoché 3,8 millions de dollars en actions en dernier bonus et ce malgré une réduction de son parachute de 9,3 millions à la suite d’un examen critique du conseil d’administration. Pendant ce temps, sa remplaçante, Vanessa Hudson, encaisse 6,3 millions en 2024/25, même si les bonus ont été amputés de 15 % à cause d’une fuite massive de données.

Elon Musk figure dans une catégorie à part. Tesla vient de lui proposer un plan de rémunération record d’un trillion de dollars, conditionné à une multiplication par huit de la valorisation de l’entreprise. Ce plan verrait Musk devenir l’un des plus puissants actionnaires de Tesla. Un méga-bonus qui fait sursauter même dans le monde de l’élite économique.

Aux États-Unis, les PDG du S&P 500 ont touché en moyenne 18,9 millions de dollars en 2024. Ce chiffre contraste avec des salariés moyens payés 285 fois moins. Dans certaines entreprises, l’écart atteint même 632 contre 1 : un PDG gagne 632 fois plus que le travailleur moyen. Oxfam souligne qu’entre 2019 et 2024, les revenus des PDG ont grimpé de 50 %, alors que les salaires réels des employés stagnaient à +0,9 %.

Le secteur bancaire n’est pas en reste. Goldman Sachs a tenté de verser des bonus de 80 millions de dollars à son PDG David Solomon et à son numéro deux, sans que des critères de performance clairs ne soutiennent ces montants. Des voix influentes comme ISS ou Glass Lewis ont lancé l’alerte. Au Royaume-Uni, chez Centrica, maison-mère de British Gas, près de 40 % des actionnaires ont voté contre les 4,3 millions de livres attribués à son PDG, dans un contexte de crise énergétique et de facture publique qui explose.

Les PDG sont devenus les nouveaux rois de l’économie contemporaine. Ils touchent des fortunes colossales, souvent déconnectées de la performance réelle. Des bonus mirobolants sont accordés même lorsque les entreprises dérapent, licencient ou mettent leurs clients en difficulté. Le système valorise ces élites comme des sacrifiés capables de tout… sauf de rendre des comptes. Et tant que ces inégalités seront possibles, la méfiance grandira, les tensions s’accentueront, et le contrat social se désintégrera.

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