Au moment même où une génération entière de jeunes Britanniques voit s’éloigner le rêve de devenir propriétaire, le gouvernement a choisi de loger des demandeurs d’asile dans des maisons de ville flambant neuves, estimées à près de 300 000 £ chacune. Une décision qui soulève une colère sourde dans les villages concernés et qui risque d’exacerber le sentiment d’injustice déjà largement répandu dans la population.
Selon le Sun, des maisons contemporaines situées dans un paisible village du Suffolk ont été attribuées à des familles de migrants. Ces logements ne sont pas de simples toits provisoires : ils sont équipés de cuisines modernes, de salles de bains privatives, de planchers chauffants et même de bornes de recharge pour véhicules électriques. Autant de caractéristiques qui les placent bien au-dessus de ce que beaucoup de travailleurs britanniques peuvent espérer.
Les habitants relégués au second plan
Pour les habitants de la région, la pilule est amère. « Tout cela est arrivé sans que nous soyons consultés. Nos avis ne comptent pas », s’indigne Clive Bloomfield, 62 ans, résident de longue date. Comme beaucoup, il souligne que nombre de familles locales peinent à se loger ou à gravir les échelons de la propriété, pendant que des biens recherchés sont mis à disposition gratuitement pour des étrangers.
À Suffolk, près de 800 personnes étaient encore sur liste d’attente pour un logement social en 2024. Pourtant, ces nouvelles maisons, présentées dans les brochures comme « une parfaite combinaison de modernité, de confort et de durabilité », ont été soustraites du marché local pour répondre aux obligations légales d’accueil des demandeurs d’asile.
« Nous travaillons dur et payons nos impôts, mais ce sont eux qui ont tout gratuitement », résume Susan, 64 ans.
Un cocktail explosif
Le problème dépasse le simple cas de Suffolk. À l’échelle nationale, le logement est devenu une plaie béante : flambée des prix, raréfaction des biens accessibles, loyers insoutenables. Chez les jeunes, l’idée même de posséder un jour un logement s’apparente de plus en plus à une chimère. En leur donnant le spectacle de migrants installés dans des résidences modernes pendant que des familles britanniques s’entassent dans des logements précaires, les autorités envoient un signal catastrophique.
Loin d’apaiser la situation, ce choix politique alimente un ressentiment croissant. « Pourquoi eux et pas nous ? » est désormais la question qui circule dans les pubs, dans les files d’attente, et qui nourrit le discours des partis protestataires comme Reform UK.
Le pari dangereux du gouvernement
Le ministère de l’Intérieur, dirigé par Yvette Cooper, assure vouloir mettre fin à l’utilisation massive d’hôtels d’ici 2029. Mais en substituant les hôtels par des logements neufs, le gouvernement risque de transformer une crise logistique en véritable bombe sociale.
L’ancien ministre travailliste Lord Falconer a d’ailleurs averti : à ce rythme, le dossier de l’asile restera un atout électoral majeur pour Nigel Farage et Reform UK.
À une époque où l’ascenseur social est en panne et où des millions de Britanniques ne voient plus d’avenir sur le marché immobilier, ce type de décision apparaît comme une provocation. Les autorités jouent avec le feu, en exacerbant le sentiment que l’État prend davantage soin des étrangers que de ses propres citoyens.
Le Royaume-Uni est déjà traversé par un profond malaise social et économique. Ajouter à ce climat explosif l’image de maisons modernes réservées aux demandeurs d’asile pourrait bien être l’étincelle de trop.