Un nouveau scandale secoue le Royaume-Uni. Selon des données officielles du Department for Work and Pensions (DWP), l’équivalent de 600 millions d’euros d’allocations auraient été perçus de manière frauduleuse en 2024-2025 par des personnes vivant hors du pays.
Des fraudeurs bien organisés
Le chiffre donne le vertige : 423 millions de livres sterling de prestations sociales ont été versés à des individus qui n’étaient plus résidents britanniques. Les allocations les plus touchées sont le Universal Credit (178 millions de livres), le Pension Credit (108 millions), ainsi que le Housing Benefit et l’Allocation d’Indépendance Personnelle (PIP).
En principe, un citoyen britannique peut continuer à toucher certaines aides un mois après son départ du territoire. Mais de nombreux bénéficiaires prolongent indûment ces versements, parfois pendant des années.
Le cas explosif des allocations familiales
Les aides destinées aux familles sont administrées par une autre administration, le HMRC (équivalent britannique du fisc). Or, une enquête a révélé que 2’600 personnes continuaient à percevoir des allocations familiales malgré leur départ à l’étranger. Cela ne représente qu’un échantillon de 1,3 % des dossiers contrôlés, mais si l’on extrapole à l’ensemble des 6,9 millions de familles bénéficiaires, les montants détournés pourraient atteindre plusieurs centaines de millions.
Les règles imposent aux parents de déclarer toute absence supérieure à huit semaines, ce que beaucoup négligent volontairement. Pour traquer les fraudeurs, l’administration croise désormais ses fichiers avec les données de voyage international. L’équipe dédiée au HMRC va passer de 15 à 200 enquêteurs, avec pour objectif de récupérer près de 350 millions de livres sur cinq ans.
Une colère grandissante
Les associations de contribuables dénoncent un « scandale insupportable ». Joanna Marchong, de la TaxPayers’ Alliance, parle d’une « gifle aux familles qui paient déjà le prix fort avec une pression fiscale record ». De son côté, Joe Shalam, du think tank Centre for Social Justice, réclame un « durcissement immédiat » au nom de la viabilité des finances publiques.
Vers un tournant politique
Le gouvernement travailliste prépare une réforme d’ampleur. Un projet de loi en discussion au Parlement permettra bientôt au DWP de ponctionner directement les comptes bancaires des fraudeurs. La ministre du Travail et des Retraites, Liz Kendall, promet « la plus grande offensive contre la fraude depuis une génération ». L’exécutif espère ainsi économiser 1,5 milliard de livres sur cinq ans.
Un problème plus large
Pour de nombreux observateurs, cette affaire illustre l’ampleur du malaise : un État providence qui peine à contrôler ses propres dispositifs, alors que les finances britanniques sont déjà sous pression. Comme le résume un haut fonctionnaire cité par la presse, « chaque livre sterling détournée à l’étranger est une insulte aux contribuables et un coup porté à la crédibilité du système social ».